En décembre, nous avions identifié 10 sujets qui, selon nous, devaient être considérés comme prioritaires par les banques de détail européennes en 2023.
Où en sont nos prévisions et quelles sont les dernières perspectives ?
1. L'année prochaine déterminera la façon dont les banques sont perçues pour dix ans
Nous avions écrit cela en anticipation d’un retournement économique qui jusqu’à présent a été plus modeste que prévu. Néanmoins, les banques continuent à soutenir les clients en difficulté financière. Les répercussions de la hausse des taux d’intérêt sur les emprunteurs devraient s’intensifier au cours des prochains mois, mais nous croyons que les grandes banques seront en mesure de faire la preuve que leurs engagements de soutien à l’économie tiennent toujours.
Nous pensons que les banques de détail les plus performantes seront en tête pour ce qui est des dépôts
2. Piloter le bilan : par les dépôts, les dépôts, et encore les dépôts
La hausse des taux, conjuguée aux faillites bancaires survenues aux États-Unis, a remis en évidence l’importance d’une gestion efficace du passif et de la liquidité. Les banques disposant d’un bilan important et d’une solide relation client profitent du contexte avec l’effet « flight to scale ». À l'inverse, les banques dépendant davantage des financements de marché font face à plus de difficultés. Ainsi, les banques s’activent pour collecter des dépôts : évolution des offres, des tarifications, des processus de gestion ALM. Cette capacité de collecte sera un critère clé de la performance des banques de détail dans le prochain cycle.
3. Nouveau relais de croissance : la clientèle aisée
L’identification de nouveaux relais de croissance est cruciale pour les banques européennes de détail dont l’activité se retrouve freinée par le ralentissement de leur activité de crédit. Le segment de la clientèle aisée devient un enjeu fort en raison de sa plus forte rentabilité, de sa capacité à être vecteur de collecte et de ses adhérences naturelles avec les métiers des banques de détail. Celles-ci devront cependant batailler pour parvenir à se créer une place face aux acteurs spécialisés en gestion de patrimoine. Une chose est sûre, les clients devraient être les bénéficiaires de cette plus forte intensité concurrentielle.
4. Générer de la valeur à partir des données de paiements
Une tendance apparaît nettement : les banques investissent massivement dans leurs infrastructures de paiements et leur capacité de monétisation des données. Les banques généralistes cherchent à concurrencer les spécialistes du secteur en exploitant les données de paiements propriétaires afin de proposer aux clients de nouvelles offres ultra-personnalisées. Les acteurs les plus avancés s’appuient sur les possibilités de l’IA et des outils d’apprentissage automatique avec des retours d’expérience très encourageants. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive le prochain semestre et au-delà.
5. Aller chercher la croissance à l’extérieur des canaux de distribution traditionnels, avec les possibilités de la « finance intégrée »
Alors que les grandes banques cherchent à faire des ponts avec d’autres secteurs, les grands acteurs de la tech cherchent à bousculer les chaînes de valeur traditionnelles en proposant de plus en plus de produits financiers du quotidien. Ces acteurs parviendront-ils à gagner la confiance des consommateurs, jusqu'à présent exclusivement accordée aux banques ? Il est encore trop tôt pour répondre, mais la partie se joue en ce moment même et mérite d’être surveillée.
La rapidité avec laquelle les banques détectent les changements et agissent en conséquence est un point clé de différenciation.
6. Distribution : digitale, hybride, retour du physique ?
Un débat passionnant se tient en ce moment sur le modèle de distribution du futur, dans le contexte particulier caractérisé à la fois par un taux d’inflation et des taux d’intérêt record. Nous nous attendons à voir davantage de créativité et d’innovation dans les évolutions de modèles de distribution avec le développement de modèles hybrides, de personne à personne et une digitalisation des activités à faible valeur ajoutée. Cependant, ce sont des processus au temps long dont l’achèvement prendra vraisemblablement plusieurs années.
7. Accélérer la transition climatique
Les banques de détail continuent d’intégrer les enjeux ESG dans tous les compartiments de leur activité, tant dans leur fonctionnement interne que dans leur offre. Les prêts immobiliers en sont un excellent exemple, via des offres favorisant la rénovation des propriétés existantes et la réduction des émissions, mais aussi des challenges importants à résoudre sur lesqueles les banques peuvent jouer un rôle (par exemple sur le financement de la rénovation des copropriétés). Nous nous attendons à d'autres avancées dans ce domaine qui évolue rapidement.
8. M&A – Les investissements stratégiques continuent à avoir lieu
Les opérations M&A stratégiques ont sensiblement diminué au cours du 1er trimestre et un certain nombre d’opérations très médiatisées ont récemment été annulées. Nous sommes-nous trompés ? Peut-être, peut-être pas. Les grandes banques de détail continuent de disposer de moyens financiers importants, leur permettant de réaliser des acquisitions pour accroître leur capacité, entrer sur un nouveau marché ou un segment de marché. Mais peut-être l'avons-nous annoncé un an top tôt.
9. Consolider ou changer – dilemme de la transformation
Les banques de détail doivent choisir entre deux stratégies : consolider les positions, en se concentrant sur une approche incrémentale soucieuse des optimisations budgétaires, ou adopter des stratégies de changement plus dynamiques. Quel sera leur choix ? La question est loin d’être tranchée. La hausse de l'inflation devrait favoriser la première approche tandis que la hausse des taux crée des conditions favorables pour la seconde. Comme souvent, la réponse sera probablement entre les deux, mais en moyenne, nous pensons que les événements récents (SVB, Crédit Suisse, …) devraient conduire à une certaine prudence à court terme.
10. La flexibilité comme atout maître
De ce côté-là nous avions vu juste. Les évènements du premier semestre ont mis en évidence l’imprévisibilité des marchés et la fragilité de certaines positions prises pour acquises. La rapidité avec laquelle les banques pourront intégrer ces changements de contexte dans leur stratégie et leurs opérations sera un point clé de différenciation. Aujourd’hui, plus personne ne table sur un second semestre calme et complètement prévisible. Les gagnants seront les groupes disposant de la plus grande agilité opérationnelle.