Dans son nouvel ouvrage intitulé « La Mobilité en Mutation : Tendances, Enjeux et perspectives, comment les tranports se réinventent », Gilles Roucolle Managing Partner et Global Head of Industries at Oliver Wyman, explore en profondeur les mutations majeures du secteur de la mobilité et des transports. En s’appuyant sur des entretiens avec plus de 30 dirigeants et experts internationaux du secteur, il décrypte les grandes tendances qui redessinent durablement le paysage des transports : digitalisation, automatisation, nouveaux usages, transition énergétique et transformation des modèles économiques.
Le numérique, catalyseur de nouvelles mobilités
La technologie digitale joue un rôle central dans la transformation des services de transport. Elle permet de connecter des modes autrefois cloisonnés, de prévoir la demande, de gérer de façon dynamique les capacités et de créer de nouvelles expériences client, plus fluides et personnalisées.
Des services comme l’auto-partage ou le covoiturage n’auraient pu émerger sans l’usage d’applications mobiles et de systèmes intelligents. Aujourd’hui, grâce aux technologies embarquées, il est possible de calculer en temps réel le prix d’un trajet en fonction de la distance et du temps parcourus.
Au niveau mondial, le marché du VTC devrait presque doubler par rapport à son niveau de 2020 pour atteindre 347 milliards de dollars en 2030, selon une étude du Oliver Wyman Forum. De son côté, le covoiturage devrait tripler, pour atteindre 24 milliards de dollars
La digitalisation impacte également le transport de marchandises. Aux États-Unis, les compagnies de fret ferroviaire de type Class I conservent une forte rentabilité, mais les camions autonomes connectés pourraient inverser cette dynamique. En permettant une densification du fret et une flexibilité point-à-point, ils pourraient capter des parts de marché importantes, notamment dans l’intermodal.
Décarboner les transports : entre volonté politique et réalités technologiques
Avec près de 20 % des émissions mondiales, le transport est le deuxième contributeur au réchauffement climatique, derrière l’énergie. Tous les modes sont appelés à se transformer, mais certains sont plus avancés que d’autres.
L’automobile électrique progresse, notamment grâce aux pressions réglementaires, malgré le frein que représentent les coûts et le manque d’infrastructures. Dans le ferroviaire, les trains à batterie ou à hydrogène apparaissent comme des alternatives crédibles au diesel encore largement utilisé.
À l’inverse, l’aviation et le transport maritime restent fortement dépendants des énergies fossiles. Les batteries sont encore trop lourdes pour assurer les longues distances, et les carburants alternatifs peinent à se généraliser.
Selon une analyse d’Oliver Wyman, une trajectoire possible vers l’objectif « net zéro » d’ici 2050 pourrait nécessiter une réduction de 25 % des émissions grâce à l'amélioration des avions et des opérations, 13 % par la propulsion électrique et à l'hydrogène, et 6 % via des technologies de carbone
Des mesures politiques émergent. En France, certaines liaisons aériennes intérieures ont été supprimées lorsqu’une alternative en train rapide existe. La jeune génération, plus sensible à l’impact environnemental, privilégie déjà les solutions bas carbones
Les efforts européens et américains visent désormais à développer massivement les carburants durables (SAF), tout en finançant la recherche sur les avions électriques ou à hydrogène.
Une vision stratégique pour les décideurs de la mobilité
L'ouvrage « La moblitié en mutation » propose une lecture stratégique et accessible des mutations du secteur. À travers des témoignages exclusifs et des études de cas concrètes (comme l’ERTMS pour la signalisation ferroviaire européenne ou le modèle du fret ferroviaire nord-américain), Gilles Roucolle identifie les leviers à activer pour naviguer dans cette période de transition accélérée.
Il y analyse :
- la fragmentation croissante de la demande en mobilité,
- le rôle de la régulation et des standards,
- l’émergence d’écosystèmes collaboratifs entre acteurs publics et privés,
- l’impact de la décarbonation sur les parts de marché futures des différents modes de transport.
Décoder l'avenir du transport dans "la mobilité en mutation"
Dans un monde post-covid, les activités de transport en commun doivent s’adapter au nouveau contexte urbain, qui a considérablement changé avec les nouvelles tendances, telles que le travail à domicile, la baisse de la fréquentation dans certaines zones géographiques et, dans certains cas, la gratuité des transports en communAlexandre Bayen, Professeur de génie électrique et d’informatique à l’Université de Californie à Berkeley
Une planification à long terme est nécessaire pour bâtir un système de mobilité fonctionnelXavier Huillard, Président-Directeur Général de Vinci
Le facteur le plus difficile à prévoir n’est pas l’évolution de la technologie et les innovations, mais plutôt le comportement futur des clientsAdrian Slywotzky, ancien Senior Advisor chez Oliver Wyman, consultant en stratégie et auteur de livres consacrés à la stratégie et la gestion d’entreprise
La digitalisation a transformé les clients : au lieu d’être les usagers captifs d’un seul mode de transport, ils sont devenus des voyageurs autonomesPatrick Jeantet, Président de la Fédération des Industries Ferroviaires (FIF)
La mobilité est un besoin essentiel de l’être humain, qui est relativement constant dans l’espace et dans le tempsXavier Huillard, Président-Directeur Général de Vinci
